Le jeudi 24 avril a eu lieu les premières élections législatives depuis la fin de la Monarchie*, vieille de 240 ans.
Or, le résultat, inattendu, a crée la surprise : le parti Maoïste a remporté 220 sièges sur 575 !
L'autre grosse formation électorale qui a également posé des candidatures (les communistes marxistes-léninistes) a quant à elle remporté 111 sièges.
Loin derrière, viennent les divers et indépendants (45 sièges), les Démocrates (20 sièges) et les Royalistes (8 sièges).
Hier chef de file des rebelles maoïstes, aujourd'hui homme fort du Népal, Prachanda pourrait bien devenir le président de la République Populaire Népalaise si la Constitution (qui doit être votée par la nouvelle Assemblée) le lui permet.
Retour en arrière.
En 1996, les maoïstes décident de lancer une insurrection ayant pour but le renversement de la Monarchie et d'installer à la place une "démocratie populaire". S'ensuit une véritable guérilla qui va durer dix ans. Les maoïstes, qui parviennent à prendre le contrôle des zones rurales reculées, annoncent la création d'un "Gouvernement du Peuple" destiné à remplacer l'administration royale et répondre aux besoins des populations. Malheureusement, les maoïstes seront par la suite accusés par des organismes internationaux de défense des droits de l'Homme, entre autre, de s'accaparer les biens des paysans en imposant d'exorbitantes taxes révolutionnaires, de recourir à la torture et à l'enlèvement (ces mêmes organisations dénonceront aussi l'usage de la torture utilisée par l'armée royale dans le cadre de la contre-guerilla) et même ayant eu recours aux enfants-soldats. Ce conflit fera 13 000 morts.
En 2006, un accord est trouvé entre le gouvernement et les rebelles, sous l'égide de l'ONU pour jouer le rôle de médiateur dans l'arrêt du conflit et l'établissement d'élections pour la formation de l'Assemblée Constituante.
Cependant, après ces élections, Prachanda a affirmé ce jeudi "qu'à présent, je ne peux pas renoncer à toute forme de violence" tout du moins pas avant que le "processus" ne soit pas arrivé à terme. Il a cependant précisé qu'il n'entendait pas installer un régime autoritaire et que le Roi serait bien traité, s'il coopérait.
* la Monarchie Népalaise a connu 2 grands principaux pics d'absolutisme en 1972 et 2006 que le peuple a réussi à stopper à l'aide de manifestations particulièrement virulentes, qui firent reculer le régime. Elle connut une crise en 2001, quand 10 membres de la famille royale furent assassinés lors d'un banquet par le Prince Héritier, sous l'emprise de l'alcool et de la cocaïne, avant de se suicider. Le frère du Roi, absent au dîner, monta alors sur le trône.
-----------------------
Ajout du 08 Juillet 2008 :
Depuis avril, pas mal de chemin a été parcouru.
Mais les joies issues de la (fragile) entente entre les partis politiques n'ont pas duré.
En effet, la lutte de pouvoir entre les partis politiques pour les postes de président et de Premier ministre (le plus puissant) se veut sans merci. A tel point que le Premier ministre Koirala, issu du parti du Congrès, a démissionné le 1er juillet, jetant l'éponge face aux Maoïstes.
Alors que ces communistes disposent déjà d'une énorme influence dans le pays, 700 manifestants tibétains ont été arrêtés le 26 juin devant l'ambassade de Chine, dont 3 meneurs, pour cause "d'activités antichinoises".
Le Parti du Congrès de Koirala, qui visait le poste de président, vient donc d'abandonner la lutte pour les 2 postes les plus importants du pays.
Le poste de président de la République (qui sera élu par l'Assemblée Constituante) devrait échoir à un membre éminent du parti Marxiste-léniniste, alors que celui de Premier ministre devrait être occupé par le maoïste Prachanda, homme fort de sa faction (et donc du Népal car arrivée première aux législatives).
Une démocratie populaire à l'image des anciennes républiques communistes d'Europe de l'Est verra-t-elle le jour ?