Nous fêtons aujourd'hui le cinquantenaire du retour au pouvoir du général de Gaulle.
Celui-ci fait encore couler beaucoup d'encre et reste controversé.
Preuve en est, la presse bruisse de spéculations sur ce "péché originel" comme l'Express n°2966 du 8 au 14 mai 2008 qui titre en Une sur le "13 mai 1958 : les secrets d'un coup d'Etat"
Rien d'étonnant quand l'on sait que c'est dans le même hebdomadaire que Jean-Paul Sartre avait fait paraître en septembre 1958 : "Les grenouilles qui demandent un roi"...
Ainsi donc revoilà le serpent de mer de la politique française sur la nature des événements du 13 mai 1958.
Alors, coup d'État ou pas ?
"
Ni coup d’État ni putsch, rien qu’une pression un peu vive sur les élus du peuple" affirmera avec justesse l'historien et politologue René Rémond.
Le 13 mai 1958 est une de ces journées d'agitation fiévreuse qui ponctuent périodiquement l'histoire politique de notre pays. A cet égard, la crise de 1958 ne donnait aucune assurance au général de Gaulle que sa traversée du désert allait prendre fin, les insurgés d'Alger n'ayant pour la plupart d'autres souci que la défense de l'Algérie et d'empêcher l'investiture de Pierre Pflimlin, partisan d'une décolonisation libérale pour l'Algérie. Lui-même s'accordait-il quelque chance ?
L'interview de Michel Tauriac dans le
Parisien-Aujourd'hui en France de ce mardi renforce cette interrogation.
N'en déplaise à certains, aucun élément n'accrédite la thèse que De Gaulle aurait fomenté l’un ou l'autre des complots du 13 mai.
Définir le 13 mai 1958 comme un coup d'Etat, c'est pêcher par excès de simplicité et vouloir ranger
a posteriori des événements dans une logique de rationalité qu’ils n’avaient pas et plus encore, croire que le cours des choses ne pouvait être autre que ce qu’il fut alors que tout demeurait possible.
Définir le 13 mai 1958 comme un coup d'Etat, c'est ignorer l'évolution démocratique de la Vème République, une République fondée par de Gaulle où la continuité doit être assurée par le mode d'élection lui-même, qui, chaque fois, restitue au peuple la totalité de son pouvoir souverain... difficile alors de croire en une captation du pouvoir par De Gaulle (
qui est parti de lui-même et ne s'est point accroché au pouvoir soit dit en passant...)
Si vous voulez en savoir plus sur cet événement, je vous invite à lire Pierre Lefranc qui a raconté en 2004 dans
Le Nouvel Observateur les instants privilégiés passés aux côtés du général de Gaulle en mai 1958 :
- Pierre Lefranc in Nouvel Observateur a écrit:
- «De Gaulle a manoeuvré de façon magistrale»
Propos recueillis par Claude Weill
Le Nouvel Observateur nº 2085 du 21 au 27 octobre 2004