Après six jours de négociations à 6 à Pékin, la Corée du Nord a accepté mardi de stopper son programme nucléaire et d'autoriser les visites d'inspection de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) en échange d'une aide énergétique.
Ainsi, en échange de la fermeture de son principal réacteur nucléaire, la Corée du Nord obtiendra 50 000 tonnes de pétrole lourd.
En tout état de cause, la prudence doit être de mise. Le monde connaît trop Kim Jong Il pour être dupe de ses stratégies ! Quel pays doté de l'arme de dissuasion nucléaire s'en séparerait ? Aucun ! Il n'y a d'ailleurs pas de précédents !
Du reste, Bruno Tertrais, Maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et spécialiste de la géopolitique du nucléaire, affirme dans une interview au journal Le Monde qu'"il n'y a qu'un engagement de principe à ouvrir des discussions sur la dénucléarisation complète de la Péninsule Coréene et donc il n'y a aucun geste concret ou promesses concrètes de démantèlement des armes nucléaires déjà réalisées par Pyongyang."
En outre le marchandage obtenu est inquiétant à plus d'un titre. Suffit-il de se déclarer puissance nucléaire pour pouvoir obtenir aide et reconnaissance régionale ? Si tel était le cas, ce précédent risque fort d'être fâcheux en ce qui concerne le Moyen-Orient et notamment l'Iran...
Néanmoins, cette annonce aura au moins eu une conséquence positive et non des moindres : La Corée du Sud va reprendre les pourparlers bilatéraux au niveau ministériel.
Et c'est bien le plus important car dans cette crise il ne pouvait et n'y aura pas à l'avenir de solutions miracles qu'il s'agisse de l'option molle des sempiternelles sanctions économiques ou de la ligne dure partagée par certains néo-conservateurs à Washington...
Je reste pour ma part plus que jamais partisan d'une option douce à savoir la réunification, seule véritable porte de sortie à long terme.
L'exemple allemand étant dans toutes les têtes, il conviendra que la communauté internationale apporte le moment venu un appui financier conséquent : on n'a rien sans rien !
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Ajout du 31 Mars 2013 :
La réflexion gaulliste du jour :
La Corée du Nord a annoncé hier qu’il était « en état de guerre » avec le Sud et les chancelleries occidentales s’inquiètent de cette énième surenchère du régime de Pyongyang.
Toutefois, comment prendre réellement au sérieux ces rodomontades ? le nouveau dirigeant nord-coréen, Kim Jong Un, joue un jeu de poker menteur destiné avant tout à asseoir son autorité auprès de l’armée et de son peuple. Son principal objectif est la survie du régime et certainement pas d’engager un conflit destructeur et suicidaire. En outre, tout passage à l’acte aurait des répercussions mondiales que ni la Russie, ni la Chine, allié historique de la Corée du Nord, ne sont prêts à accepter dans la région.
L'Etat communiste savait pertinemment qu'il s'exposait à de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies lorsqu'il a procédé, le 12 février dernier, à son troisième essai nucléaire depuis 2006. Le vote de ces sanctions le 8 mars - y compris par la Chine - et les manœuvres militaires annuelles des Etats-Unis avec la Corée du Sud qui ont vu des vols d’entrainement de bombardiers stratégiques américains tels que le B-52, n’ont fait que provoquer l’escalade des tensions.
Dans cette affaire, la Corée du Nord n’est donc pas la seule responsable et les USA, qui comptent déjà 28.500 soldats sur le territoire sud-coréen et veulent renforcer leurs positions sur la péninsule coréenne, jouent un jeu dangereux qu’il convient de cesser afin que, à l’image de la crise des missiles de Cuba en 1962 qui avait déjà failli plonger le monde dans une troisième guerre mondiale, une sortie de crise honorable soit trouvée.
Scott Snyder, du CFR (Council of Foreign Relations ou Conseil des Relations Etrangères), ne dit d’ailleurs pas autre chose en affirmant que «les Etats-Unis et la Corée du Sud doivent faire un geste diplomatique vers le Nord pour lui permettre de faire baisser la tension, se calmer, et changer de trajectoire». A présent, la balle est dans le camp de Séoul et Washington.