L'Espagne (avec le Maroc) et l'Italie (avec l'Albanie, la Libye...) le vivent quotidiennement, la France ne pouvait pas faire durablement exception : une centaine de clandestins se disant Kurdes ont été abandonnés hier sur une plage isolée de Corse.
Avant d'être une question politique, l'immigration clandestine est un drame humanitaire effroyable. En effet, comment ignorer que parmi les 124 réfugiés débarqués sur nos côtes figurent 29 femmes dont cinq enceintes, une personne handicapée en fauteuil roulant et 38 enfants… ?
Aussi, avant que le gouvernement n'use de pratiques expéditives, il doit être rappelé que le principe de non refoulement garanti par l'article 33 de la Convention de Genève de 1951 s'impose pour toute personne en quête de protection. Les prochains jours devront permettre d'en savoir plus sur la réalité des craintes invoquées.
A l'évidence, ce n'est certainement pas le sommet de crise sur l'immigration clandestine souhaité par Eric Besson qui changera la donne sur ce dossier et détournera les monnayeurs de rêve de proposer aux migrants des transferts vers ce que ces derniers considèrent toujours comme l’eldorado.
Car si la solution ne se situe pas dans la construction de barrières de séparation internationales, elle n'est pas plus à trouver dans une improbable politique commune en matière d’immigration clandestine.
En effet, c'est bien depuis les accords de Schengen que les flux migratoires en Europe se sont accélérés et la France, qui doit tenir compte du principe de la libre circulation des personnes dans l’Union Européenne, n'a pas la possibilité d'instaurer un dispositif de sécurité le long de ses frontières.
A ce titre, on nous assurait en 1995 que les contrôles à l'entrée de cet espace Schengen seraient renforcés, car, une fois franchie cette frontière poreuse et floue (
terrestre, portuaire et aéroportuaire), les personnes peuvent circuler sans entrave. Qu'en est-il aujourd'hui ? l'agence FRONTEX n'est opérationnelle que depuis octobre 2005 et a surtout servi à aider l'Espagne pendant que, de l'aveu même de Pierre Lellouche en septembre dernier, "
les flux de migrants se sont reportés vers d’autres membres de l’Union comme Malte, ne faisant donc que repousser le problème"...
C'est pourquoi, l'on ne m'empêchera donc pas de penser que la seule et unique solution se situe dans une véritable politique de partenariat avec les pays d’origine. Il sera d'ailleurs significatif de constater que l'UPF préconise dans sa
Charte républicaine "
de développer avec les pays d’émigration une politique de co-développement véritable afin de tarir à la source le phénomène de l’immigration, car ces pays se vident de leur "substance" et cela approfondit encore plus leurs difficultés". Hors la coopération, point de salut !