Sébastien Admin
Nombre de messages : 662 Localisation : Lorraine Date d'inscription : 12/12/2006
| Sujet: Histoire du Gaullisme de gauche Mer 13 Déc 2006 - 12:04 | |
| - Citation :
- Le Gaullisme de Gauche
Court résumé de la longue histoire des "Gaullistes de Gauche"
« Attention ! Réveillez-vous ou je sors mes gaullistes de gauche » disait le général de Gaulle quand la politique s’endormait ou traînait les pieds. C’est lui qui avait inventé le sigle : 1944, au cours d’une conversation à Alger, à la ville des Oliviers, de Gaulle avait dit à Philippe Dechartre qui arrivait des « maquis » : «vous allez rencontrer Vallon et Capitant, ce sont des « gaullistes de gauche. Ils vous plairont. »
Louis Vallon, René Capitant , Philippe Dechartre, Jacques Dauer, Alain Dutaret , Odette Goncet, Pierre Billotte, Leo Hamon, Jean Mattéoli, Yvon Morandat, Jean Runel, Roger Barberot, Jean-Claude Servant Schreiber, Gilbert Beaujolin, Marcel Landowski, Gilbert Grandval, Maurice Schumann, Jean de Lipkowski, Philippe de Saint-Robert, Bernard Bertry, ont laissé un nom dans l’histoire de la naissance de la Ve République.
Avec de Gaulle ils ont fondé le « Gaullisme social » . La presse, qui sait si bien défaire les réputations, fit la leur en les appelant, comme de Gaulle : « les gaullistes de gauche » . Pour marquer son intérêt et son estime, le Général avait averti ceux dont il privilégiait l’action politique : « Etre gaulliste c’est difficile… être de gauche c’est très difficile aussi… alors ! gaulliste de gauche !! ». En fait il s ’agissait, il s’agit encore, d’allier la justice et l’efficacité, l’Ordre Républicain et le mouvement social. Difficile oui. Raison de plus pour ne pas baisser les bras, aujourd’hui, alors que tout en politique devient plus difficile encore.
N’oublions pas que de Gaulle a fait la France d’aujourd’hui et lancé des idées pour demain. C’est à dire : les institutions de la Ve République fondaient un Etat fort, « souverain » et démocratique, l’équilibre militaire et politique de la France entre les intérêts autogomiste – donc l’indépendance - la décolonisation, l’aménagement du territoire et l’« ardente obligation du plan » .
Enfin, de Gaulle affirmait le primat du social sur l’économie, la participation ou la « décolonisation intérieure» . Dans cette architecture politique dont on oublie aujourd’hui la grandeur, les gaullistes de gauche ont été de bons et de fidèles artisans et parfois des avant-coureurs. C’est pourquoi ils ont encore aujourd’hui l’ambition d’être, moralement et politiquement, des disciples . Et, nous ne partons pas de rien.
Après l’élan historique des jours de 1958 cinq mouvements incarnèrent successivement le Gaullisme de gauche, naissant les uns des autres : « Le mouvement pour la Communauté », l’« Union Démocratique du Travail, (UDT ) » , « Le Centre de la Réforme Républicaine (C.R.R.) », « l’Union de la Gauche Ve République (UGVe) » « Le mouvement pour la Solidarité par la Participation (M.S.P) » dont les Présidents successifs furent le Général Pierre Billotte, Philippe Dechartre, Bernard Bertry, le Secrétaire général, Gilles Fauchart, et Alain Dutaret, Président du Conseil politique.
Les Hommes Parmi les grands témoins de notre époque aujourd’hui disparus, nombreux ont été ceux qui se sont réclamés du Gaullisme de gauche ou qui ont été considérés comme proches des Gaullistes de gauche René CAPITANT
Né le 19 août 1901 en Isère à la Tronche, René Capitant demeure dans le souvenir de ceux qui l'ont connu un grand juriste et une âme passionnée. Docteur et agrégé des Facultés de Droit, il est nommé en 1930 à l'université de Strasbourg. A sa demande, il est mobilisé en 1939 et affecté au quartier général de la 5eme armée. Il répond en 1940 à l'appel du 18 juin et contribue à fonder, à Clermont-Ferrand, un mouvement de résistance qui deviendra Combat. Muté en février 1941 comme professeur de droit à l'université d'Alger, il développe le gaullisme en Afrique du Nord et crée le mouvement Combat-Empire qui participe au débarquement des Alliés en Afrique du Nord. Il accueille de Gaulle à Alger le 30 mai 1943 et est nommé par celui-ci commissaire à l'Instruction publique du Comité français de la Libération, puis ministre de l'Education nationale du gouvernement provisoire de 1944 à 1945. Il est élu cette même année député du Bas-Rhin et publie plusieurs articles sur la Constitution. Il fonde le 20 janvier 1946 avec Louis Vallon "L'Union gaulliste", première esquisse du "Rassemblement du peuple français". Il est élu député du Quartier latin lors de l'élection de la première Assemblée nationale le 10 novembre. Professeur à la Faculté de Droit de Paris en 1951, il milite à la Présidence du Conseil national du "Rassemblement du peuple français" de 1952 à 1957. Nommé directeur de la Maison franco-japonaise à Tokyo de 1957 à 1960, il adhère à "L'Union démocratique du travail", à son retour en France. Il est député de la 3eme circonscription de la Seine (Quartier latin) en 1962, réélu en mars 1967 et juin 1968. Président de la Commission des Lois de l'Assemblée nationale de 1962 à 1968, il est conseiller municipal de Paris à partir de 1965. Garde des Sceaux et ministre de la Justice de par la volonté du général de Gaulle en 1968, il donne sa démission dés l'annonce du départ de celui-ci. Dans sa vie et dans son œuvre écrite, René Capitant combat pour la justice. Il s'est toujours soucié de l'indépendance nationale, des conditions d'une véritable démocratie et a voulu promouvoir la Participation . Il meurt le 23 mai 1970.
Jacques CHABAN-DELMAS
Né le 7 mars 1915 à Paris, il fait des études de droit et de science politique. Après sa démobilisation en 40, stagiaire au ministère de la Production industrielle, il fournit des renseignements à l'OCM. En 1943 il rentre à l'Inspection des Finances. Le 1er mars 1944, il devient délégué militaire national avec le grade de général de brigade et participe activement à la libération de Paris. En 1945, il est secrétaire général du ministère de l'Information. Inscrit au parti radical, député de la Gironde en 1946, gaulliste, membre du RPF, il renonce à la double appartenance en 1951 et assure la présidence du groupe RPF à l'Assemblée nationale. Il est plusieurs fois ministre sous la IVe République, notamment ministre de la Défense nationale de Félix Gaillard (1957-1958). Jamais ministre de De Gaulle, il devient Premier ministre de Pompidou en 1969, mais démissionne en 1972, le Président n'étant pas favorable à son projet de Nouvelle Société. Il est candidat malheureux à l'élection présidentielle de 1974. Député depuis 1946, il est président de l'Assemblée nationale de 1958 à 1969, puis de 1986 à 1988, et maire de Bordeaux de 1947 à 1995. Il meurt à Paris le 10 novembre 2000.
André MALRAUX
Né le 3 novembre 1901 à Paris, dans une famille modeste, il abandonne tôt ses études, fait deux voyages en Extrême-Orient (1923, 1925), où, sensibilisé par les injustices qu'il y voit, il écrit, au retour, Les Conquérants et La Condition humaine (prix Goncourt en 1933). Engagé politiquement, il milite contre le fascisme et le nazisme, participe au Congrès des écrivains soviétiques en 1934, prend part à a guerre d'Espagne qui lui inspire L'Espoir. Mobilisé en 1939, prisonnier, il s'évade. En 1944, il commande la brigade Alsace-Lorraine qui se battra dans les Vosges, en Alsace et jusqu'à Stuttgart (1945). Ministre de l'Information du général De Gaulle (novembre 1945-janvier 1946), il est délégué à la propagande du RPF (1947 à 1953). Nommé ministre d'État chargé des Affaires culturelles (1959-1969), il fait preuve d'un grand dynamisme (on lui doit notamment les maisons de la culture, et une politique de rénovation de Paris). Chantre du gaullisme, il est en tête de la manifestation de soutien à De Gaulle, le 30 mai l968. Il meurt le 22 novembre 1976. Ses cendres ont été transférées au Panthéon en novembre 1996.
Edmond MICHELET
Né le 8 octobre 1889 à Paris et engagé volontaire en janvier 1918, il préside l'Association catholique de la jeunesse catholique (ACJF) du Béarn (1922-1925) puis adhère aux Équipes sociales. Résistant dès juin 1940, il constitue le mouvement Liberté, qui participe à la création de Combat en 1941. Chef régional des Mouvements unis de la résistance (MUR) en 1942, arrêté par la Gestapo en février 1943, il est déporté à Dachau. Il est membre de l'Assemblée consultative provisoire, ministre des Armées (novembre 1945-janvier 1946), il est député MRP de Corrèze. Adhèrent du RPF, il est exclu du MRP, puis membre du Conseil de direction du RPF (1949-1953). Battu aux législatives, il est sénateur de la Seine (1952-1959), et sera à la tête de tous les partis gaullistes du RPF à l'UNR-UDT. Il est successivement ministre des Anciens combattants et Victimes de guerre (1958), puis ministre de la Justice (1959-1961). Membre du Conseil constitutionnel, il succède à André Malraux en 1969 sous la présidence de Pompidou, comme ministre des Affaires culturelles, jusqu'à son décès à Marsillac (Corrèze) le 9 octobre 1970.
Yvon MORANDAT
Né le 25 décembre 1913 à Buellas (Ain), il milite dans le syndicalisme chrétien. Après la campagne de Norvège (1939) et est l'un des premiers volontaires à rejoindre de Gaulle. Parachuté en France en 1941, en contact avec le mouvement Libération, il favorise la compréhension entre la Résistance intérieure et la France libre. Membre de l'Assemblée consultative d'Alger (1943), il participe à la libération de Paris (août 1944), fonde et préside l'Agence européenne de presse (1944-1947). Attaché au cabinet de Jules Moch, ministre de l'Intérieur (1947), il entre au conseil d'administration des Houillères de France (1949-1969). Membre fondateur du RPF (1947), il en est le délégué à l'Action ouvrière en 1951. Député après le 13 mai 1958, il est l'un des fondateurs de l'Association pour le soutien de l'action du général de Gaulle (1958) et du Centre de réforme républicain. Membre du Comité directeur de l'Union démocratique du travail (UDT, avril 1959), il est, de mai à juillet 1968, secrétaire d'Etat chargé des Affaires sociales et de l'Emploi. Membre du Conseil économique et social à partir de septembre 1969, il meurt le 8 novembre 1972.
Maurice SCHUMANN
Né à Paris le 11 avril 1911, il est journaliste à l'agence Havas et dans la mouvance démocrate-chrétienne, il collabore à L'Aube et à Temps présent. Rallié au général de Gaulle (1940), il est porte-parole de la France libre ("Les Français parlent aux Français"), puis rejoint le front de Normandie en août 44. Cofondateur du MRP, il en assure la présidence de 1945 à 1949. Elu député du Nord en 1945, régulièrement réélu jusqu'en 1973 (MRP, puis apparenté gaulliste à partir de 1967), il est secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères (1951-1954). Il se rallie à la Ve République, ministre de l'Aménagement du territoire (avril 1962), il quitte le gouvernement avec tous les ministres MRP en mai. Il y revient (ministre d'Etat chargé de la Recherche scientifique et des Questions atomiques et spatiales en 1967, ministre des Affaires sociales en 1968). Européen convaincu, il est ministre des Affaires étrangères de Pompidou (69-73). Rallié au RPR, il est sénateur du Nord depuis 1974. Il est Compagnon de la Libération et membre de l'Académie française. Il meurt le 9 février 1998.
Louis TERRENOIRE
Né le 10 novembre 1908 à Lyon (Rhône), il est responsable de syndicats chrétiens (1928), rédacteur en chef de La Voix sociale, puis du Nouveau Journal de Lyon (1930-1931), et rejoint, en 1932, L'Aube (périodique démocrate-chrétien). Résistant dès 1940, il devient secrétaire du Conseil national de la résistance (CNR) en 1943. Arrêté par la Gestapo, en décembre 1943 puis en mars 1944, il est déporté à Dachau. Député MRP de l'Orne aux deux Assemblées constituantes, puis à l'Assemblée nationale (1946), il adhère au RPF et devient vice-président du Mouvement républicain populaire indépendant, après son exclusion du MRP hostile à la double appartenance. Secrétaire général du RPF (51-54), il échoue à la députation sous la IVe République, mais retrouve son siège à partir de 1958. Président du groupe UNR de l'Assemblée nationale (1959-1960), il est ministre de l'Information (1960-1961) puis ministre délégué chargé des relations avec le Parlement (1961-1962). Secrétaire général de l'UNR (mai-décembre 1962), il est co-directeur de l'hebdomadaire UNR-UDT Notre République (1963-1964). Il renonce en 1973 à son siège de député et meurt le 8 janvier 1992.
Louis VALLON
Louis Vallon naît le 12 août 1901 à Crest dans la Drôme. Socialiste, esprit original et désintéressé, il choisit de mener une vie sans concession. Polytechnicien, il est ingénieur radio-électricien de 1924 à 1929, puis chef des émissions économiques et sociales de la radiodiffusion de 1936 à 1939. Il est mobilisé cette année-là comme capitaine dans une division d'intervalle entre deux ouvrages de la ligne Maginot. Il s'engage en 1942 dans un réseau de renseignements clandestins, la Confrérie Notre-Dame dirigée par Rémy. Celle-ci est ravagée par des dénonciations et Louis Vallon rejoint Londres. Il est désigné par le colonel Passy pour créer et diriger un bureau appelé à traiter au sein du BCRA toutes les questions non militaires. Requis à Alger, il joue un rôle de premier plan à l'Assemblée consultative de 1943 à 1944. De retour à Londres, il forme un commando de parachutistes à la tête duquel il prend part à la campagne de France. Après la guerre, sa vie devient publique. On le retrouve directeur-adjoint pour les questions économiques et financières au cabinet du général de Gaulle de 1944 à 1946. Directeur de l'administration des monnaies et médailles de 1946 à 1951, il est député RPF de la Seine de 1951 à 1955. Il est directeur à l'administration centrale des Finances de 1956 à 1962, commissaire du gouvernement auprès de la Banque générale de crédit et de participations (Saga) de 1961 à 1962, membre du Conseil économique et social de 1959 à 1962. Député UNR-UDT de Seine et Oise et rapporteur général de la commission des Finances de l'Assemblée nationale de 1962 à 1967, il est député de Paris dans la 25eme circonscription de 1968 à 1973. Venu au général de Gaulle sans restriction, inspirateur de l'idée de Participation, il entend que le gaullisme réalise un rassemblement de toutes les classes de la nation. Il meurt en 1981. A cette liste de personnalités, on doit rajouter les noms de: Pierre Lefranc, Jean Charbonnel, Jacques Baumel, Michel Jobert. Vous noterez que le gaullisme de gauche est composé principalement de membres issus de l'aile gauche du MRP (démocrates chrétiens), du Parti Radical, de l'Union Démocratique et Socialiste de la Résistance "UDSR" et de personnes issues de la SFIO. De ce fait certains les ont différenciers en appelant plutôt les gaullistes issus du centre comme des gaullistes sociaux et non plus comme gaullistes de gauche. Aujourd'hui, les termes gaullisme de gauche et gaullisme social sont des synonymes. Certains employent également les termes de gaullisme de progrès ou de gaullisme populaire. A votre choix pour l'appellation, personnellement le terme "Gaulliste Populaire" me plait le plus. | |
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