La réflexion gaulliste du jour :Personne n'a oublié la surréaliste conférence de presse de Nicolas Sarkozy en
janvier 2008. Ce soir, il s'agissait du premier grand rendez-vous avec les médias de François Hollande, attendu au tournant après un début de quinquennat plus que poussif.
A peine arrivé dans la salle des fêtes de l’Elysée, le ton est donné : le président de la République est sur la défensive et se sent obligé de tirer un bilan des six premiers mois de son mandat. Sous les ors de l'Élysée, le social-libéral assume sa méthode et ses choix sans grands effets d'annonce, ce qui change de son prédecesseur.
Ainsi, depuis son élection, il aurait consacré toute son énergie à la réorientation de l’Europe. Disons le tout net, nous n’avons certainement pas la même définition du terme réorienter si celui-ci consiste, comme il l’indique, à «
aller plus loin » dans la voie de l'intégration européenne. Pour paraphraser de Gaulle, «
bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant ["croissance !", "croissance !", "croissance !"],
mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien. ». Cette politique est, sans surprise, un échec et les sombres perspectives économiques de la zone euro pour l'an prochain en sont la preuve.
En affirmant ensuite que le premier étage du redressement de la France passe par le désendettement, le président n’hésite pas à se glisser dans les pas de la droite néolibérale en donnant l’impression de n’avoir rien appris : l'austérité budgétaire ne suffit pas, et peut même se révéler inefficace en étouffant la croissance et donc de nombreuses recettes fiscales.
Aussi, un seul mot d’ordre pour le chef de l’Etat : compétitivité ! Mais à quel prix ? une des modalités de financement du pacte annoncé, à savoir la hausse de la TVA, est certes reportée à janvier 2014 mais est bien entérinée : elle fera peser l’effort principal sur les salariés et l’ensemble de nos concitoyens. Utile et efficace, peut-être ; juste, certainement pas.
A côté de ces questions d’importance, on retiendra que le droit de vote des étrangers est repoussé aux calendes grecques, ce qui n’est pas plus mal, d’autant que le président « normal » entend ne pas opposer les Français entre eux. Louable intention s’il n’était confirmé par ailleurs le projet de loi sur le « mariage pour tous ».
Enfin, s’il a fallu plus de deux heures pour qu’un journaliste interpelle enfin François Hollande sur la Syrie et le Mali, les réponses qui ont été apportées entretiennent le flou car ce n’est ni l'hasardeuse reconnaissance de la Coalition nationale syrienne comme le futur gouvernement provisoire de la Syrie qui changera quoi que ce soit à la situation sur le terrain, ni le soutien logistique clairement réaffirmé qui rassurera sur la supposée non-intervention militaire de la France au Mali.
Le (nouveau) cap est tracé mais il n’éclaire pas pour autant la route de notre avenir.