(Source : Ministère de l'Intérieur)
Au lendemain du premier tour, dresser une analyse complète et minutieuse des résultats ci-dessus, avec un regard empreint de recul sur cet événement, n'est pas chose aisée.
Néanmoins, ce scrutin a déjà livré certains enseignements.
Ils sont tout à la fois
généraux et
particuliers aux candidats.
I- Tour d'horizon global sur le 1er tourLoin d'être le second tour entre Sarkozy et Royal, duel classique et attendu, le fait majeur de ce premier tour réside dans la
très forte participation : près de 85% du corps électoral !
Au terme d'une campagne plus que moyenne, les français ont compris l'importance cruciale de se scrutin et ont choisi de ne pas se laisser dicter leur choix en se rendant massivement aux urnes.
C'est un événement considérable, signe d'une vitalité retrouvée de notre démocratie, entrevue sur les blogs et les forums, et d'une volonté de peser dans le débat.
Ce scrutin est également une revanche sur le 21 avril 2002, autant par le résultat de J.M. Le Pen que par cette mobilisation qui, dépassant de 12% le chiffre de 2002, a incontestablement favorisé Sarkozy et Royal au détriment des "candidats de témoignage" dont aucun ne dépasse les 5%.
Quant au
rapport de force, celui-ci est incontestablement en faveur de la droite (36,8% contre 44,7%).
Au surplus, Royal ne pourra pas lancer d'appel aux abstentionnistes, tant ceux-ci ont été rares hier.
La tâche s'avère donc très rude pour la candidate de gauche qui va devoir mobiliser au delà de son camp et convaincre l'électorat centriste.
Nul doute que la clef du second tour se trouve chez ces millions d'électeurs qui se sont tournés vers Bayrou.
Sachant que nombre d'entre eux ont justement fait ce choix pour renvoyer dos à dos le PS et l'UMP, rien ne garantit que les finalistes bénéficient de leurs suffrages.
II- Zoom sur les 12 prétendants1/ N. SarkozyLe score est flatteur et valide la stratégie de droitisation qu'il a adopté lors de sa campagne du 1er tour. Bénéficiant d'une forte mobilisation de l'électorat UMP et d'un report massif sur son nom des voix frontistes, (
faisant mécaniquement chuter le leader de l'extrême droite) Sarkozy peut avoir le sourire. La dynamique est en sa faveur. Paradoxalement, a t-il un réservoir de voix si conséquent en vue du 6 mai ? Villiers refuse de le soutenir ; Le Pen pourrait lui faire payer durement sa défaite et rien n'indique que le report des voix qui s'étaient portées sur Bayrou jouera en sa faveur ! Rien n'est joué.
2/ S. RoyalCe n'était pas gagné mais elle l'a fait : se qualifier pour le second tour et faire oublier aux socialistes le 21 avril 2002 qui les avaient laissé orphelins. Sa présence en finale est aussi la preuve par les chiffres que sa méthode, si décriée, n'a finalement pas échoué. Elle est en ballottage défavorable face à son adversaire de l'UMP mais le front anti-Sarkozy, qui a été l'une des raisons du vote Bayrou, peut lui bénéficier. Elle va jouer très gros lors du débat télévisé du 2 mai prochain.
3/ F. BayrouMalgré un score triplé par rapport à 2002, la surprise de la campagne n'a pas réussi son pari de figurer au second tour. Un sentiment de déception légitime, mais néanmoins un rôle incontournable pour la suite des événements. Courtisé de toutes parts, peut-il appeler à voter pour l'un des deux finalistes au risque de se décrédibiliser et de disparaître ? Réponse négative attendue mercredi.
4/ J.M. Le PenLe combat de trop et incontestablement la surprise de ce 1er tour !
Près d'un million de voix perdues par rapport à 2002, l'électorat frontiste a fondu comme neige au soleil face aux sirènes sarkozystes et à la percée de Bayrou devenu le refuge des votes protestataires. Par ailleurs, cette déconvenue est aussi l'échec de la stratégie impulsée par Marine Le Pen de lisser l'image de son père. Que fera son électorat au second tour ?
5/ O. BesancenotLe candidat qui s'en tire le mieux face à la vague du vote utile qui a laminé les "petits" candidats. Il progresse en voix comme en pourcentage, une bonne soirée donc pour le facteur de Neuilly ! De plus, ce score fait de lui le leader incontournable de la gauche de la gauche. Aucune recomposition ne se fera sans lui chez les alter mondialistes.
6/ P. De VilliersRelativement épargné par le vote utile, il n'en reste pas moins que son score est très médiocre et qu'il demeure très loin de son objectif inavoué : devenir à terme l'alternative d'un Le Pen vieillissant à la droite de la droite. La copie était bien pale !
7/ M-G. BuffetLa fin du communisme en France ! Le naufrage est total, le résultat pire qu'en 2002 alors qu'il constituait déjà une débâcle... c'est un des faits marquants de la soirée électorale. Et pourtant, la candidate persiste et signe : à ses yeux ce résultat "
ne saurait traduire l'audience réelle du Parti communiste dans notre pays" Jusqu'où vont-ils descendre ?
8/ D. VoynetVictime du phénomène Hulot, incapable de capitaliser les attentes de la population quant aux problèmes environnementaux, la candidate des Verts échoue, comme en 1995, à porter le message écologiste : une remise en question s'impose !
9/ A. LaguillerJamais réellement rentrée dans sa campagne, apparue très fatiguée et désabusée, Arlette Laguiller ne réédite pas sa performance de 2002 et tire sa révérence sur un score sévère : une page se tourne !
10/ J. BovéParti très tard en campagne, miraculé des parrainages, José Bové a raté son pari d'incarner les antilibéraux. Le syndicaliste va vite devoir rebondir car la justice n'oubliera pas qu'il demeure sous la menace d’une peine de prison ferme. Ne devient pas homme politique qui veut !
11/ F. NihousLes dirigeants de CPNT vont-ils enfin comprendre qu'ils se trompent d'élection ? Devancé par sa rivale écologiste, très loin du score de J. Saint Josse en 2002, les chasseurs ont incontestablement raté cette élection.
12/ G. SchivardiLe dernier de la classe. Et pourtant ! Il réédite à quelque chose près, dans un contexte très défavorable, le score qu'avait réalisé Gluckstein en 2002. Après une campagne atypique, marquée par la mise au pilon de ses affiches, le maire de Mailhac n'a pas à rougir.