Les menaces de boycott ont payé ! les producteurs laitiers ont obtenu hier une première avancée sur la hausse du prix du lait. Comment ne pas s'en féliciter ! Néanmoins rien n'est gagné, loin de là.
La fixation du prix du lait oppose les éleveurs laitiers aux grands groupes que sont Lactalis (
Bridélice, roquefort Société, etc.), Bongrain (
Caprice des Dieux) ou Bel (
La Vache qui rit), qui refusent l'augmentation, indolore pour le consommateur, de 3,10 centimes par litre que réclame les producteurs (
alors que personne n'ignore que les coûts de production augmentent tandis que leur revenu a chuté de 50 % pour la seule année 2009, passant en dessous du Smic).
Depuis la suppression en mai 2008 de l'ancien système administré de fixation du prix du lait, le secteur connaît des crises à répétition. La loi LME (
août 2008) qui a accentué la baisse des prix agricoles et le fait que le gouvernement ait exigé de l’interprofession en mars dernier la mise en œuvre d'un nouvel indicateur prenant en compte, en particulier, l’écart du prix du lait avec l’Allemagne n'ont fait qu'accentuer la grogne.
Car, face à une filière française plus diverse, plus riche en assortiments et en emplois, le voisin allemand, axé sur les volumes, impose sa loi sur le marché... au détriment de la qualité.
Etat de fait qui va s'amplifier avec l'abandon programmé des quotas laitiers en 2015 (
pourtant bien utiles pour répartir la production), conséquence de la politique agricole ultralibérale conduite par l’UE et l’ensemble des gouvernements européens.
On voudrait condamner une profession que l'on ne s'y prendrait pas autrement !
Il est plus que temps de tout mettre en oeuvre pour préserver le mode de production agricole français et tant pis si cela ne plait pas à nos partenaires européens. Sortir de la logique du marché mondial (
doctrine officielle de l'OMC) est une question de volonté politique.
La nouvelle réforme de la politique agricole commune (PAC) prévue pour 2013 en sera le révélateur !